G.-B. 2016. Drame musical de Rufus Norris avec Olivia Colman, Paul Thornley, Tom Hardy. Des citoyens du comté de Suffolk se mobilisent afin de redonner beauté et fierté à leur petite rue, stigmatisée à la suite de l'arrestation d'un meurtrier en série qui y habitait. Modeste mais attachante peinture de société. Récit à la fois réaliste et décalé. Vibrants monologues chantés. Caméra mobile aux mouvements fluides. Bons interprètes. (sortie en salle: 18 novembre 2016)
Des citoyens du comté de Suffolk se mobilisent afin de redonner beauté et fierté à leur petite rue, stigmatisée à la suite de l'arrestation d'un meurtrier en série qui y habitait. Modeste mais attachante peinture de société. Récit à la fois réaliste et décalé. Vibrants monologues chantés. Caméra mobile aux mouvements fluides. Bons interprètes. (sortie en salle: 18 novembre 2016)
À quelques minutes de la fin de LONDON ROAD, une déclaration-choc, de la part de la protagoniste défendue par l'excellente Olivia Colman ("Broadchurch", "The Night Manager"), change radicalement le regard porté jusque là par le spectateur sur cette histoire véridique. Comme si le film, tout d'un coup, venait de passer du noir et blanc à la couleur, ou l'inverse. La déclaration est d'autant plus bouleversante que le récit chanté reprend mot à mot les témoignages des résidents de la rue en question, recueillis à la suite des meurtres et transposés dans une pièce de théâtre dont le film se veut le reflet fidèle. Le procédé du "film enchanté" emprunté à Jacques Demy apporte une dimension à la fois réaliste et décalée à cette délicate et attachante peinture de société, portée à l'écran par celui qui l'avait créée à la scène. La caméra hypermobile aux mouvements fluides, surtout dans le premier acte, donne élan et souffle au film, qui les maintient jusqu'à la fin. L'ensemble, il importe de le dire, reste assez modeste, budget oblige. Mais le message, bien qu'ambigu, a des résonances universelles. Tout comme la menace toujours présente, évoquée par la tête de prédateur et les regards chargés du pétrifiant Tom Hardy.
Texte : Martin Bilodeau