Serb. 2016. Comédie dramatique de Emir Kusturica avec Emir Kusturica, Monica Bellucci, Sloboda Micalovic. En 1995, dans l'ex-Yougoslavie en guerre, un livreur de lait fiancé à une villageoise fougueuse s'éprend de la réfugiée italienne promise en mariage au frère de cette dernière. Fantaisie poétique familière, rafraîchie par un étonnant virage dramatique. Des longueurs et redondances. Plusieurs idées narratives et visuelles fortes. Interprétation colorée et attachante. (sortie en salle: 18 août 2017)
En 1995, dans l'ex-Yougoslavie en guerre, un livreur de lait fiancé à une villageoise fougueuse s'éprend de la réfugiée italienne promise en mariage au frère de cette dernière. Fantaisie poétique familière, rafraîchie par un étonnant virage dramatique. Des longueurs et redondances. Plusieurs idées narratives et visuelles fortes. Interprétation colorée et attachante. (sortie en salle: 18 août 2017)
Se dirigeant pour la première fois dans un de ses films, Emir Kusturica, lunaire et pince-sans-rire, forme avec une Monica Bellucci ensorcelante et pleine d'aplomb un attachant duo amoureux, dans cette nouvelle fantaisie poétique sur fond de guerre dans les Balkans. Certes, après UNDERGROUND et LA VIE EST UN MIRACLE, le réalisateur serbe est conscient d'avoir fait le tour de ce conflit fratricide. C'est pourquoi, après une première partie truculente et extravagante où la violence est traitée à la blague, Kusturica opère une audacieuse rupture de ton avec l'arrivée d'un corps expéditionnaire aussi vengeur que ravageur, qui fait basculer le récit dans le film d'aventures apocalyptiques et le suspense, jusqu'à un dénouement désespéré aussi dérangeant que symboliquement puissant. Si l'on sait gré à l'auteur d'avoir renouvelé son bestiaire, générant maintes idées narratives et visuelles fortes, sa propension à répéter certaines figures stylistiques et à étirer les scènes festives gorgées de musique tsigane continue d'agacer. Et ce, malgré la présence explosive de l'athlétique Sloboda Micalovic dans le rôle de la sensuelle et entêtée Milena.
Texte : Louis-Paul Rioux