L'avis de Mediafilm

Se soustraire à l'emprise du temps est un fantasme universellement partagé dans nos sociétés occidentales et urbaines. Le Français Safy Nebbou (L'EMPREINTE DE L'ANGE, L'AUTRE DUMAS) lui donne forme dans un film contemplatif, tiré du récit autobiographique de Sylvain Tesson. Si l'ensemble manque un peu d'envergure dramatique, le cinéaste relève le pari de faire sentir à l'image la vitesse ralentie du temps, tant par le rien-à-faire et le train-train de survie qu'il montre que par tout ce qu'il dissimule dans ses ellipses. Avec pour résultat un film qui, délibérément, traîne en longueur. Inspiré par le paysage, Nebbou exploite à merveille les rigueurs et la lumière sibérienne, et capte tout spécialement la beauté du lac Baïkal, qui devient en hiver le chemin de toutes les traverses possibles. Evgeniy Sidikhin livre une composition discrètement émouvante, dans un film ayant pour point focal un Raphaël Personnaz (L'AFFAIRE SK1) habité.