L'avis de Mediafilm

La peur de perdre son enfant a inspiré à Jeff Nichols ce conte de science-fiction, qui s'inscrit dans la continuité de son oeuvre (TAKE SHELTER, MUD), opposant la pureté de l'enfance et l'obsession sécuritaire des adultes. À la différence que le cinéaste indépendant a fait cuire dans le fourneau de Warner cette oeuvre riche, mais pas tout à fait aboutie, au carrefour de CLOSE ENCOUNTERS OF THE THIRD KIND et PARIS, TEXAS. L'esprit de Nichols est demeuré intact dans le transfert. Mais son style s'est un peu ankylosé sous le poids des moyens. Si bien que la magie n'opère que par intermittence, exigeant beaucoup de bonne foi de la part du spectateur. Inutilement chargée, l'intrigue laisse souvent perplexe et s'expose au ridicule. En outre, quelques ellipses brutales nous font entrevoir le champ de bataille de la postproduction. Qu'à cela ne tienne, Nichols parvient à préserver le mystère poétique entourant son petit héros (dont on ne connaîtra jamais la nature exacte des pouvoirs), et affiche un amour indéfectible pour ses interprètes, qui le lui rendent bien. (Texte rédigé en février 2016, dans le cadre du Festival de Berlin)

Martin Bilodeau