L'avis de Mediafilm

Einar Wegener n'a pas vécu longtemps sous l'identité de Lili Elbe. Mais c'est ce dernier nom que l'histoire de l'art a retenu, comme en témoigne cette production luxueuse illustrant le processus de transition, d'une identité vers l'autre. Un sujet en or pour le réalisateur de l'oscarisé THE KING'S SPEECH, qui racontait aussi le combat d'un individu pour trouver son équilibre en réconciliant ses personnalités intime et publique. Plasticien raffiné, Tom Hooper joue sa partition en alternance, dans des intérieurs démesurément grands, aux murs et boiseries pastels peints au pochoir, et des extérieurs pittoresques, encadrés par les voiles du port de Copenhague. Le cinéaste assume pleinement la théâtralité, voire l'artificialité, de sa représentation quasi fantasmée de la capitale danoise et du Paris des années folles. Jusque dans sa façon frontale de filmer le protagoniste, comme si l'oeil de la caméra était le miroir que celui-ci s'apprête à traverser. Or, au-delà de ses parti pris et de plans d'une beauté fulgurante, THE DANISH GIRL demeure en surface et siffle un refrain monotone. Eddie Redmayne (THE THEORY OF EVERYTHING) prête ses traits féminins à la cause, mais dans une performance moins payante, la sensible Alicia Vikander (A ROYAL AFFAIR, EX MACHINA) impressionne tout du long. (Texte rédigé en septembre 2015, dans le cadre du Festival international du film de Toronto)

Martin Bilodeau