Fr. 2014. Drame de Abderrahmane Sissako avec Ibrahim Ahmed, Toulou Kiti, Abel Jafri. Un père de famille nomade ayant causé accidentellement la mort d'un pêcheur tombe aux mains des djihadistes qui se sont emparés du pouvoir dans la ville voisine. Récit tendre mêlant fable et réalisme. Propos intelligent. Mise en scène épurée et rigoureuse. Photographie saisissante. Interprètes sincères. (sortie en salle: 13 février 2015)
Un père de famille nomade ayant causé accidentellement la mort d'un pêcheur tombe aux mains des djihadistes qui se sont emparés du pouvoir dans la ville voisine. Récit tendre mêlant fable et réalisme. Propos intelligent. Mise en scène épurée et rigoureuse. Photographie saisissante. Interprètes sincères. (sortie en salle: 13 février 2015)
Dans BAMAKO, Abderrahmane Sissako questionnait la place de l'Afrique dans le monde en évoquant avec humour un procès intenté au FMI. Avec TIMBUKTU, le cinéaste mauritanien se penche cette fois sur l'Afrique des victimes de conflits oubliés, prenant le parti d'observer les gestes de résistance quotidiens d'une population soumise à une tyrannie inique. Avec dignité, tendresse et intelligence, Sissako illustre en parallèle la vie de ce village et de cette famille de nomades, au fil d'un récit humaniste et tendre mêlant fable et réalisme. Quelques touches d'humour et de poésie viennent ponctuer un scénario qui tarde toutefois à prendre son sens et qui comporte quelques ruptures de ton. La mise en scène épurée et précise, qui emploie la musique avec parcimonie, profite de cadrages rigoureux et d'une lumière éclatante. Ibrahim Ahmed, Toulou Kiki et Layla Walet Mohamed sont d'une sincérité touchante.
Texte : Helen Faradji
Antoine Duplan - Le Temps
(...) issu des cinématographies occidentales, TIMBUKTU déborderait de coups et de cris. L’approche [de] Sissako est autrement subtile. Dédaignant la dénonciation frontale de l’obscurantisme, le cinéaste ne dépeint pas les islamistes comme des brutes vociférantes, mais comme des maîtres dialecticiens.
Danielle Attali - Le Journal du dimanche
La violence et la poésie imprègnent ce grand film antidjihadiste aux allures de conte cruel inondé de lumière. Il nous arrache des larmes, des rires et nous sidère par sa beauté sublime. La mise en scène remarquable vibre au rythme d’une histoire inspirée par des faits réels.
Dominique Widemann - L'Humanité
Les violences insoutenables qui ponctuent le film en scènes rares sont montrées comme en retrait, mais sans risques d’effacements. Abderrahmane Sissako offre chaque fois un glissement de plan qui fait sens, soulève des pans d’humanité.
Abderrahmane Sissako - Le Figaro
"L'accueil [formidable au Festival de Cannes] m'a beaucoup touché. Quant à l'absence du film au palmarès, c'est comme s'il fallait choisir entre avoir et être. J'ai choisi être. Un film n'est pas fait pour un palmarès mais pour toucher les gens."
Jacques Mandelbaum - Le Monde
On reprochera à tort au réalisateur ce qui pourrait apparaître comme un manichéisme. L’enjeu plastique du film recouvre sa dimension morale: les bourreaux sont laids parce qu’ils ne savent rien faire d’autre qu’insulter et détruire la beauté du monde. (...) Les victimes sont belles.
Frédéric Strauss - Télérama
Michel Henry - Libération
Le film est puissant mais garde une progression tout en douceur et grâce. (...) Désireux de rappeler que l’islam, ce n’est pas le jihadisme, et vice versa, Sissako réussit à faire rigoler sur des islamistes grotesques, mais il évite soigneusement de les présenter comme des brutes épaisses dénuées (...) d’humanité.