L’AVIS DE MEDIAFILM

À 71 ans, Martin Scorsese n'a jamais été aussi fougueux qu'avec cette incursion cynique et électrisante dans le monde de la finance, inspirée du livre de Jordan Belfort. S'il reprend en partie la structure de GOODFELLAS et la progression dramatique de CASINO, son film adopte un ton résolument satirique pour illustrer les abus de Belfort, interprété par un Leonardo DiCaprio brillant et déchaîné, qui rend parfaitement les nuances de ce personnage à la fois charismatique par sa démesure arrogante et terrifiant par son absence totale de moralité. La première partie comporte des passages saisissants où la virtuosité du cinéaste fait des étincelles, en particulier dans des scènes où la comédie bascule soudainement dans le malaise angoissant. La seconde moitié semble toutefois plonger dans les mêmes excès que ceux que le film tente de dénoncer. Résultat: une perte de contrôle momentanée, qui convient étrangement bien à cette fable sans morale sur les travers d'un capitalisme sauvage dont le modèle est encore tristement d'actualité.

Texte : André Caron