"Catherine joue vraiment un personnage, mais elle y a apporté beaucoup d’elle-même. (...) La joie de vivre qu’elle a dans la vie a beaucoup nourri Bettie, qui était moins joyeuse dans le scénario. Tous ses rires, ce n’était pas écrit; ils sont venus grâce (...) au fait qu’elle s’est complètement abandonnée."

Ce portrait très riche de la France profonde, d'une rigueur quasi documentaire, est toutefois entravé par une autre histoire, d'ordre familial celle-là. (...) Cette partie-là, plus conventionnelle, (...) se révèle (...) moins puissante que celle pendant laquelle Bettie va voir ailleurs si elle y est.

La première heure d'ELLE S'EN VA est un mélange étonnant et détonant de cocasserie et de sensibilité. Les personnages fuient sans cesse, ils glissent entre les doigts; un hasard malin semble les séparer aussi vite qu'il les avait fait se rencontrer. À la fois subtil et abrupt, le montage accentue cette fébrilité.

"Je la connais [Emmanuelle Bercot] depuis quelque temps et lui ai toujours trouvé quelque chose de très fort, subversif et vivant. Comme son cinéma, toujours un peu "outsider", à la marge. En plus, elle est très facile d’accès; c’est le genre de femme que j’aime énormément."

Sur le papier, ce genre de récit est tout sauf original. Sauf qu'Emmanuelle Bercot pousse le genre dans ses retranchements. Non pas pour viser la performance brute, fatigante à jouer et à regarder, mais bien l'émotion pure. La cinéaste ne ménage pas ses ouailles [et] offre à Catherine Deneuve un rôle magnifique.

Chez Emmanuelle Bercot, un désir de film naît souvent d’un désir d’actrice. Sa volonté d’ôter à Catherine Deneuve ses atours encombrants de grande dame du cinéma redonne des couleurs à une actrice qui en avait perdu. Voici l’égérie redevenue femme modeste et touchante dans son unique robe, ses bottes et son ciré.