Fin. 2011. Comédie dramatique de Aki Kaurismäki avec André Wilms, Blondin Miguel, Kati Outinen. Au Havre, un cireur de chaussures dont l'épouse est à l'hôpital se porte au secours d'un jeune Africain ayant émergé d'un conteneur du port. Oeuvre minimaliste, humaniste et teintée d'ironie. Climat rétro rappelant un certain cinéma français d'autrefois. Mise en scène habilement décalée. Interprétation juste. (sortie en salle: 2 décembre 2011)
Au Havre, un cireur de chaussures dont l'épouse est à l'hôpital se porte au secours d'un jeune Africain ayant émergé d'un conteneur du port. Oeuvre minimaliste, humaniste et teintée d'ironie. Climat rétro rappelant un certain cinéma français d'autrefois. Mise en scène habilement décalée. Interprétation juste. (sortie en salle: 2 décembre 2011)
Le Finlandais Aki Kaurismäki (J'AI ENGAGÉ UN TUEUR, JUHA, L'HOMME SANS PASSÉ) signe dans un nouveau théâtre de grisaille industrielle qui lui ressemble une oeuvre teintée d'ironie, portée par un scénario minimaliste d'une grande actualité. Si le récit, par son thème et son approche humaniste, rappelle LE VIEIL HOMME ET L'ENFANT, la mise en scène légèrement distanciée forge pour sa part un climat rétro de film de studio français façon René Clair (À NOUS LA LIBERTÉ!) ou Marcel Carné (HÔTEL DU NORD). Un climat de réalisme poétique, en somme, que Kaurismäki s'amuse à tromper par des gros plans subjectifs et une direction d'acteurs délibérément décalée, qui ajoute un charme soviétique à l'ensemble. André Wilms, figure centrale du film, est à la hauteur de la tâche, tout comme d'ailleurs le petit Blondin Miguel. Défendant des figures résolument caricaturales, Jean-Pierre Darroussin, en flic, et Jean-Pierre Léaud, en mouchard, réveillent le souvenir d'une France collaborationniste que Kaurismäki associe avec aplomb au courant anti-immigration actuel.
Texte : Martin Bilodeau
Marc-André Lussier - La Presse
Immigration clandestine, précarité de l’emploi, maladie et autres malheurs figurent (...) au programme. Pourtant, le grand désespéré finlandais a la politesse de nous servir un film tonique et touchant, qui expose des vertus humaines dans un monde où celles-ci semblent se faire de plus en plus rares.
Manon Dumais - Voir
Outre l’interprétation au diapason (...), LE HAVRE porte bien la marque de son créateur. Ainsi l’on reconnaît avec plaisir le soin méticuleux qu’il apporte à la composition des plans, signant minutieusement des tableaux statiques d’un charme naïf et désuet.
Daniel Grivel - Ciné-Feuilles
(...) le conte de fées [de Kaurismäki] (...) est un havre de fraîcheur et de poésie. (...) Les dialogues, minimalistes, font penser à ceux de Prévert, les ellipses font bien avancer le récit, l’humour décalé rappelle Tati, on sourit, on est ému sans s’engluer dans le pathos. (...) Un petit bijou.
Marie Sauvion - Le Parisien
Ça rappelle WELCOME (...) sauf qu'ici on est un peu chez Tati: atmosphère années 1950, même si l'action est contemporaine et le sujet brûlant. Un décalage qui amuse, comme l'apparition du rockeur local Little Bob. (...) LE HAVRE (...) souffle une brise d'amour et de solidarité.
Thomas Sotinel - Le Monde
Comme il est question [de] clandestins (...) et de cancer, on redoute un instant qu'Aki Kaurismäki ne soit en proie à un accès de mélancolie (...). Mais les éclats de rire qui vous secouent bientôt rassurent (...). Au pessimisme (...), Kaurismäki oppose le burlesque et la solidarité de classe.
Arnaud Schwartz - La Croix
(...) Kaurismäki signe une oeuvre sur le fil, sorte de fable absurde et pure à la tonalité très particulière, traversée de répliques aussi brèves que savoureuses. (...) Plus encore, il rend un hommage très émouvant au cinéma français (...) à travers sa mise en scène.
Philippe Azoury - Libération
(...) la structure narrative de ce HAVRE est celle d'un conte de fée comme le cinéma osait encore en produire du temps de Chaplin. Et qu'Aki Kaurismäki filme à la façon de (...) Ozu (plans absolus et palette de couleurs magnifique). Ou de (...) Tati (pour l'humour un peu sec).