Can. 2010. Drame social de Robert Morin avec Robert Morin, Jani Alban, Patrice Faye. Caméra au poing, un électronicien québécois rend compte au jour le jour de son expérience de coopérant au sein d'une ONG en Afrique noire. Critique dévastatrice et déstabilisante de l'aide humanitaire. Aspects didactiques un peu agaçants. Réalisation maîtrisée, via un dispositif formel minimaliste. Interprétation dans le ton pseudo-documentaire de l'oeuvre. (sortie en salle: 26 mars 2010)
Caméra au poing, un électronicien québécois rend compte au jour le jour de son expérience de coopérant au sein d'une ONG en Afrique noire. Critique dévastatrice et déstabilisante de l'aide humanitaire. Aspects didactiques un peu agaçants. Réalisation maîtrisée, via un dispositif formel minimaliste. Interprétation dans le ton pseudo-documentaire de l'oeuvre. (sortie en salle: 26 mars 2010)
Fidèle à son dispositif formel minimaliste et fort de sa maîtrise du langage filmique, Robert Morin poursuit sa critique des dérives du capitalisme, entamée avec le supérieur PAPA À LA CHASSE AUX LAGOPÈDES. Sa cible: les organismes d'aide humanitaire et de coopération internationale, dont les forces se déploient dans une Afrique noire exsangue. Si le propos est limpide, la démonstration pèche par didactisme et ne nous apprend rien de vraiment neuf sur ces pratiques néocolonialistes. De plus, l'expérience web tentée par Morin - le film en cours de montage a été présenté en courtes capsules aux internautes pour fins de commentaires et de suggestions -, n'aurait pas généré de changements significatifs dans le cours du récit final. En revanche, le réalisateur, s'inspirant de l'actualité récente, a ajouté à son pamphlet un développement provocant, à portée métaphorique, qui déstabilisera à coup sûr le spectateur. L'interprétation est dans le ton pseudo-documentaire de l'oeuvre.
Texte : Louis-Paul Rioux
Denise Martel - Le Journal de Montréal
Amorcé à la manière d'un pseudo-documentaire auto-filmé, JOURNAL D'UN COOPÉRANT prend petit à petit la forme d'une fiction très réaliste en montrant des scènes inspirées de la vie courante (...). C'est également un voyage intérieur au fond de l'âme humaine (...). Tant par sa forme que par son contenu, JOURNAL D'UN COOPÉRANT est aussi un film coup de poing. Direct, touchant et dérangeant.
Normand Provencher - Le Soleil
Au-delà de ses qualités artistiques, la plus grande conséquence du "documenteur" de Morin sera certainement d'inciter le public à y penser à deux fois avant de donner pour l'Afrique. À moins de confier ses sous aux communautés religieuses, façon la plus sûre, semble-t-il, pour que notre argent soit utilisé à bon escient là-bas. Donner autant, mais donner mieux.
Jean-Philippe Gravel - Ciné-Bulles
L'ambiguïté de ce film réside dans la mouvance qu'il établit entre la souffrance personnelle du personnage central et la misère collective qui l'entoure. (...) comme pour LE NÈG' (...), JOURNAL D'UN COOPÉRANT prêtera le flanc à des controverses de purs malentendus sur l'air de: "La représentation que fait Morin de l'aide humanitaire est-elle injuste?"
Odile Tremblay - Le Devoir
À travers JOURNAL D'UN COOPÉRANT, Robert Morin s'est offert le rôle du Québécois monté à l'assaut de l'Afrique pour travailler au sein d'une ONG et qui, de désillusions en dérapages, glisse dans ses propres sables mouvants (...). Morin livre (...) ici sa meilleure prestation d'acteur (...). Les ratés de l'aide internationale dans les pays en voie de développement, statistiques à l'appui, sont au centre du film, à l'excellent scénario, en montée dramatique.
Marc-André Lussier - La Presse
JOURNAL D'UN COOPÉRANT évoque le rapport qu’entretient l’Occident avec le continent africain. Et les abus de toutes natures qui en découlent. À travers le parcours d’un homme modeste (...), le réalisateur (...) tisse progressivement la toile dans laquelle son personnage va se coincer. Ce ne sera ni joli ni aimable. La métaphore est d’autant plus puissante que le spectateur a parfois l’impression d’y perdre son âme lui-même.
Mathieu Séguin-Tétreault - Séquences
(...) c'est un film-sensation animé d'un grand désir de provocation, de subversion, c'est un film limite qui joue à la fois avec notre confiance et nos attentes, c'est un film-choc qui nous laisse perplexes quant à la nature de notre relation avec les images. (...) c'est donc un ciné-mal. (...) c'est un ciné-malaise. (...) c'est finalement du grand cinéma.
Manon Dumais - Voir
Rarement l'emploi de la métaphore aura été aussi percutant et lourd de sens. Fidèle à lui-même, Morin signe un film rentre-dedans, bien que moins cru et moins frontal que les précédents, qui pose des questions pertinentes, voire cruciales, quant aux relations entre les pays dits civilisés et ceux du Tiers-Monde.