L'avis de Mediafilm

Cette histoire anti-romanesque abordant sans complaisance l'amour-haine entre un père et son fils se décline dans une palette d'hiver illustrant avec finesse les états d'âme du jeune héros, dont Joffrey Verbruggen, par son jeu intériorisé, communique l'enfermement. Sans faire de psychologie, ou viser la catharsis, Bernard Bellefroid signe une oeuvre dure et directe, dont le style dépouillé, avec caméra de proximité, rappelle la méthode des frères Dardenne. En revanche, le scénario manque parfois de subtilité. Centré sur le cycle infernal de la violence familiale, le film manque de développer les personnages extérieurs au duo antagoniste, au delà de leur fonction strictement dramatique. Ainsi, la petite amie du jeune héros ne sert qu'à déclencher chez lui une sexualité potentiellement libératrice, et son coéquipier rival, à lui inspirer la confiance et le sens de la fraternité. Au sein d'une excellente distribution dominée par Thierry Hancisse, en père puissant mais vulnérable, torturé par ses propres pulsions violentes, Sergi Lopez s'impose en douceur, dans le rôle presque ingrat de l'entraîneur aveugle au drame qui se joue.

Martin Bilodeau