L'avis de Mediafilm

Pour la première fois, Micheline Lanctôt joue dans un film qu'elle a elle-même réalisé. Une heureuse décision, puisque l'expérimentée comédienne n'a jamais été aussi touchante que dans le rôle-titre, naufragée urbaine solitaire et laconique qui se sent revivre au contact d'un gamin légèrement autiste, ballotté sans ménagement par deux parents démissionnaires. La cinéaste avait déjà exploré le thème de la détresse parentale dans son précédent LE PIÈGE D'ISSOUDUN, avec moins de bonheur toutefois. Tissé d'observations psychologiques et sociales probantes, SUZIE se révèle en effet plus cohérent et resserré, bien servi par une mise en scène assurée, quoique modeste, aux ambiances nocturnes assez réussies. Cela dit, les éléments surréels qui parsèment le récit, contexte d'Halloween oblige, apparaissent un peu plaqués. Sur le plan de l'interprétation, aux côtés de la sobre et subtile Lanctôt, Pascale Bussières offre une performance intense mais par moments trop chargée. Le jeune Gabriel Gaudreault, assez convaincant dans l'ensemble, l'est moins dans les dernières scènes.

Louis-Paul Rioux