L'avis de Mediafilm

Grand admirateur du premier roman de Michael Chabon, publié en 1988, Rawson Marshall Thurber (DODGEBALL) rêvait depuis longtemps de le porter à l'écran. C'est chose faite. Avec cependant une voix off un peu trop présente et un évident parti pris pour la pudeur, qui gomme légèrement le climat de tension sexuelle. Sans toutefois nuire au propos, intimiste, portant sur les espoirs de fuite et d'émancipation du jeune héros, que le décor industriel et anonyme de Pittsburgh met en perspective avec éloquence. Rejetant la quincaillerie nostalgique des années 1980, le cinéaste a par ailleurs privilégié un traitement plastique intemporel, qui met l'emphase sur les rapports complexes et la psychologie des personnages. Ceux-ci sont défendus par des acteurs affichant autant de sincérité que d'abandon. C'est le cas tout particulièrement de Peter Sarsgaard, qui incarne à merveille l'ambiguïté morale et sexuelle d'un rebelle sans cause.

André Lavoie