L’AVIS DE MEDIAFILM

La pièce de Shakespeare a déjà fait l'objet de dizaines d'adaptations. Si bien qu'on s'interroge, à la vue du remodelage bâclé et risible qu'en proposent le cinéaste Yves Desgagnés et le dramaturge Normand Chaurette, ce qui l'imposait vraiment. D'autant que le scénario sans queue ni tête ne conserve que les faits saillants de la trame, passant sous silence par exemple la violence et la douleur de l'amour que les deux amants éprouvaient l'un pour l'autre. S'il porte un grand soin à la tapisserie (avec lofts trash et Mini-Coopers à l'avant-plan), Desgagnés donne aussi l'impression d'avoir renoncé en cours de route à un projet à l'origine plus ambitieux. Ainsi, sa réalisation proche de l'amateurisme ne fait que capter paresseusement des images dépourvues de sens, dans lesquelles défilent une galerie d'acteurs médiocres ou gaspillés, et à l'occasion la grande Jeanne Moreau. Les rôles-titres sont tenus par des nouveaux venus d'une grande beauté qui, hélas, ne dégagent rien, et dont l'amour fou, incidemment, paraît bien trop sage.

Texte : Martin Bilodeau