L’AVIS DE MEDIAFILM

Au théâtre, la chronologie de «Cheech» était savamment désordonnée, et la compréhension des spectateurs facilitée par la présence d'une horloge, au dessus de la scène. Cette idée très cinématographique, François Létourneau, l'auteur de la pièce, l'a abandonnée pour privilégier, dans son adaptation, une chronologie linéaire. Le suspense, du coup, s'en trouve complètement désamorcé. Et pour cause: à la scène, le désordre temporel reflétait le désordre psychologique des personnages et le piège existentiel dans lequel ils se débattaient. Sans substitut à ce stratagème narratif, on se retrouve devant une comédie noire inoffensive et bavarde, qui effeuille nonchalamment ses thèmes (dépression, trahison, frustration sexuelle, etc.). En outre, la mise en scène tape-à-l'oeil de Patrice Sauvé (GRANDE OURSE) se résume à un carrousel d'images «trash» et «chic», qui abstrait l'essentiel. À savoir la crise intérieure de ses personnages, bien défendus par les acteurs issus (à l'exception d'Anik Lemay) de l'aventure théâtrale.

Texte : Martin Bilodeau