L’AVIS DE MEDIAFILM

Faisant suite au troublant et très personnel SPIDER, David Cronenberg livre un thriller sans doute plus conventionnel mais d'une redoutable efficacité, qui s'emploie à explorer les conséquences multiples de l'irruption de la violence dans le quotidien jusque là tranquille d'une famille américaine des plus typiques. D'aucuns pourront même interpréter le titre du film comme une allusion plus ou moins directe à l'histoire des États-Unis, un pays qui s'est érigé en bonne partie sur la violence. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Cronenberg parsème son récit d'éléments du western et du film de gangsters. D'autre part, on retrouve en filigrane le thème du double et de la schizophrénie, si cher à l'auteur de DEAD RINGERS. Il faut toutefois déplorer que le commentaire sur la surmédiatisation de l'Amérique et la fabrication instantanée des héros, fort bien entamé dans la première partie, soit tout bonnement abandonné en cours de route. De plus, les séquences concernant le fils adolescent du protagoniste ne sont pas toujours très crédibles. Au sein d'une mise en scène précise et rigoureuse, les passages violents sont filmés de façon extrêmement percutante par un Cronenberg au sommet de sa forme. L'interprétation d'ensemble est très solide, avec une mention pour le jeu glaçant de Ed Harris et celui, ironique, de William Hurt.

Texte : Louis-Paul Rioux