L'avis de Mediafilm

Avec ce premier long métrage, la jeune réalisatrice israélienne Keren Yedaya signe un film courageux sur la condition féminine dans son pays. Bien que le contexte politique ne soit pas évoqué, ce drame universel dépeint certaines situations sociales intolérables, démontrant par le fait même les chemins qui entraînent certaines femmes dans l'engrenage infernal de la prostitution. Filmé de façon frontale, presque essentiellement en plans fixes, ce récit douloureux est traité sans aucun sentimentalisme. D'ailleurs, le hors-champ suffit souvent à accentuer la dimension dramatique de plusieurs scènes, imposant au spectateur une sorte de persistance rétinienne de la misère. Fuyant donc les mouvements d'appareil, les gros plans et les décors trop léchés, la mise en scène, rigoureuse et dépouillée, épouse plutôt la forme du documentaire. Ce choix esthétique ajoute une touche d'authenticité à un scénario écrit avec le plus grand soin et inspiré de personnes réelles, duquel jaillit un climat à la fois sordide et tendre. L'interprétation vibrante de Ronit Elkabetz (MARIAGE TARDIF), qui a dû modifier son corps pour camper avec grand réalisme le rôle de la mère déchue, complète bien la présence énergique de Dana Ivgi.

Jean Beaulieu