L’AVIS DE MEDIAFILM

Avec LA FACE CACHÉE DE LA LUNE, Robert Lepage porte au grand écran l'une de ses pièces les plus encensées par la critique. Transposition habile d'un mélange d'étude de caractères et d'exposé scientifique, l'adaptation respecte très fidèlement le texte et les situations de l'oeuvre théâtrale. La principale différence entre les deux versions se situe dans le fait que, sur scène, contrairement au film, un seul acteur jouait tous les rôles, ce qui donnait une dimension plus elliptique et poétique à l'oeuvre. Sur grand écran, le résultat apparaît plus réaliste. Par exemple, les échanges prenant la forme de monologues dans la pièce deviennent, dans le film, des dialogues plus conventionnels parce que complets et rendus à l'écran par deux interlocuteurs. Mais force est de constater que Lepage a imaginé d'heureuses équivalences cinématographiques à ses nombreuses trouvailles scéniques, notamment grâce à des effets spéciaux ingénieux illustrant des éléments fantaisistes ou oniriques. Au final, malgré que l'aspect humour semble davantage développé que dans la pièce, il se dégage du film une certaine froideur, due en partie à l'interprétation. Lepage apparaît néanmoins à l'aise dans le double rôle qu'il a lui-même créé sur les planches, tandis que les autres membres de la distribution lui servent surtout de satellites. (Ce film avait obtenu à sa sortie la cote (4), d'où la non-conformité du texte avec la cote actuelle)

Texte : Jean Beaulieu