Can. 2003. Drame psychologique de Richard Kwietniowski avec Philip Seymour Hoffman, Minnie Driver, John Hurt. Un banquier d'allure réservée détourne des millions de dollars à même la marge de crédit de ses clients pour jouer au casino. Histoire vraie racontée dans un style narratif froid et clinique assez fascinant. Protagoniste observé avec perspicacité. Mise en scène méticuleuse. Performance subtile de P. Seymour Hoffman.
Un banquier d'allure réservée détourne des millions de dollars à même la marge de crédit de ses clients pour jouer au casino. Histoire vraie racontée dans un style narratif froid et clinique assez fascinant. Protagoniste observé avec perspicacité. Mise en scène méticuleuse. Performance subtile de P. Seymour Hoffman.
Pour raconter cette histoire basée sur des faits authentiques, le réalisateur opte pour un style froid et austère bien adapté à la personnalité du protagoniste, un joueur compulsif qui fréquente les casinos les plus clinquants sans jamais perdre sa réserve de banquier au complet terne. Mêmes les scènes où le personnage commet ses actions frauduleuses et celles où il profite d'une veine passagère aux tables de jeu sont filmées avec un détachement clinique rigoureusement maintenu par une réalisation et un montage méticuleux. Or, au lieu de provoquer l'ennui ou l'indifférence du spectateur, cette approche s'avère plutôt fascinante, car elle met en évidence les petits gestes nerveux, les intonations de voix aux subtiles variations et les regards fuyants qui sont autant de clés pour pénétrer lentement l'univers apparemment hermétique de cet antihéros. Ainsi, malgré son style narratif tout en retenue dramatique, cette descente dans l'enfer du jeu demeure prenante, voire empreinte d'un certain suspense. En outre, le film pose un regard intéressant sur la machine à séduction pernicieuse qui se met en branle lorsqu'un client met les pieds dans un casino avec un portefeuille bien garni. Philip Seymour Hoffman livre une performance subtilement nuancée face à un John Hurt savoureux dans le rôle du directeur de casino.
Texte : Martin Girard