L’AVIS DE MEDIAFILM

Pour leurs premiers pas dans la fiction, les documentaristes Shari Springer Berman et Robert Pulcini (THE YOUNG AND THE DEAD, OFF THE MENU: THE LAST DAYS OF CHASEN'S) tracent un portrait à la fois lucide et empreint de fantaisie d'Harvey Pekar, auteur de bandes dessinées dont le héros n'est nul autre que lui-même. Archétype de l'Américain moyen, cultivé sans être scolarisé, Pekar n'a rien de séduisant mais il se révèle fascinant dans ses contradictions. Le film présente l'homme avec humour, dans un brillant amalgame de fiction, de séquences animées et de documentaire. Ainsi, dans AMERICAN SPLENDOR, la vision des réalisateurs est commentée par le vrai Harvey Pekar et certains de ses proches, dont son épouse Joyce Brabner et son collègue Toby Radloff. Cette combinaison d'éléments en apparence disparates compose au contraire une oeuvre d'une grande cohérence, qui repousse les limites du documentaire biographique tout en transcendant le misérabilisme qui se dégage de l'univers de Pekar. AMERICAN SPLENDOR propose ainsi une méditation pertinente sur les illusions de la célébrité autant que sur les rigueurs de l'intégrité artistique. En outre, le charme irrésistible du film doit beaucoup à Paul Giamatti, remarquable en alter ego de Pekar, et à Hope Davis, hilarante sous ses allures austères dans le rôle de Brabner.

Texte : André Lavoie