L'avis de Mediafilm

Après avoir travaillé avec de jeunes interprètes pour un court métrage, le cinéaste américain Peter Sollett a retrouvé certains d'entre eux pour tourner RAISING VICTOR VARGAS, son premier long métrage. L'auteur pose un regard juste, nuancé et dépourvu de paternalisme sur les tourments des adolescents, pris entre les contraintes familiales et leurs élans amoureux parfois bien maladroits. Victor Vargas, frondeur sans être délinquant, représente le coeur de ce récit d'apprentissage, mais autour de lui gravitent d'autres personnages tout aussi attachants dans leur confusion. Le réalisateur s'intéresse autant à décrire leurs jeux de séduction qu'à montrer les tensions au sein de la famille Vargas, en partie provoquées par une grand-mère bigote et despotique qui pratique le chantage émotif avec un art consommé. Tourné avec peu de moyens dans un quartier de New York plutôt pauvre et très métissé, le film de Peter Sollett évite les clichés racoleurs de violence et de misère qui semblent obligatoires dans ce type de milieu. Le réalisateur s'est entouré d'une formidable équipe de comédiens non professionnels qui jouent avec naturel et spontanéité, se nourrissant de leurs expériences personnelles, ce qui ajoute à l'authenticité du film et à l'acuité de son regard.

André Lavoie