L'avis de Mediafilm

Traditionnellement, les films en provenance de l'Argentine traquaient essentiellement les milieux bourgeois, intellos ou artistiques. Mais depuis qu'un chaos politico-économique secoue le pays, on assiste à un virage significatif par rapport aux sujets filmés, clivage qui correspond à l'émergence de ce cinéma national dans les festivals mondiaux. C'est dans cette mouvance que se situe ce premier long métrage tourné avec les moyens du bord par le jeune Diego Lerman. Celui-ci y appréhende le genre du road-movie en suivant le parcours de jeunes filles pas banales, dans une sorte de voyage initiatique entre la capitale et la côte atlantique. La partie initiale du film renvoie à la fois à l'exubérance d'Almodóvar (première période), par son côté déjanté et son rythme enlevé, et au ton libre de la Nouvelle Vague française, effet accentué par une pellicule noir et blanc granuleuse et une caméra fureteuse. La seconde moitié, plus sage dans sa mise en scène, s'avère toutefois plus imprévisible quant au récit, qui demeure néanmoins assez ténu. L'ensemble exige une certaine indulgence de la part du spectateur en raison de sa démarche un peu fourre-tout, non dénuée de charme par ailleurs. La spontanéité naturelle des actrices compense toutefois pour les maladresses précitées.

Jean Beaulieu