Bel. 2002. Drame psychologique de Luc Dardenne, Jean-Pierre Dardenne avec Olivier Gourmet, Morgan Marinne, Isabella Soupart. Un menuisier enseignant dans un centre de formation pour jeunes délinquants s'intéresse particulièrement à un nouveau venu dans son atelier. Oeuvre profondément sensible et d'une intensité dramatique implacable. Caméra nerveuse. Traitement dépouillé. Interprétation d'un réalisme saisissant.
Un menuisier enseignant dans un centre de formation pour jeunes délinquants s'intéresse particulièrement à un nouveau venu dans son atelier. Oeuvre profondément sensible et d'une intensité dramatique implacable. Caméra nerveuse. Traitement dépouillé. Interprétation d'un réalisme saisissant.
Après LA PROMESSE (1996) et ROSETTA (1999), les frères Dardenne poussent encore plus loin leur exploration de l'âme humaine, tout en peaufinant leur style, qui tend de plus en plus vers le dépouillement. Au moyen d'une mise en scène rugueuse mais sans faille, relayée par une caméra nerveuse qui multiplie les gros plans et les plans rapprochés, les réalisateurs belges traquent de près leur personnage principal comme pour mieux en cerner la solitude. Celui-ci, magistralement interprété par un Olivier Gourmet au jeu très physique, réussit au prix de nombreux soupirs et halètements à traduire toute la douleur sourde qui se niche sous son imposante carapace. Se refusant à l'attrait d'un psychologisme narratif qui aurait naturellement dû ceindre un sujet aussi porteur de tragédie, les auteurs ont préféré souligner discrètement les tourments des protagonistes par des gestes significatifs et des dialogues révélateurs, malgré leur apparente banalité. Traitant sous un angle inédit le thème de la filiation, cette oeuvre profondément sensible et d'une intensité dramatique implacable, confrontant les démons de la vengeance au salut du pardon, aurait rendu fiers les grands maîtres du cinéma de l'intériorité tels Bergman, Dreyer et Bresson.
Texte : Jean Beaulieu