L’AVIS DE MEDIAFILM

Après avoir tourné coup sur coup trois oeuvres dramatiques aussi intenses que SAVING PRIVATE RYAN, A.I. et MINORITY REPORT, Steven Spielberg a bien mérité de se détendre un peu en traitant d'un sujet plus léger. Mais qu'on ne s'y trompe pas, pour drôle et pétulante que soit cette comédie aux délicieux coloris pastels, elle n'a rien d'insignifiant. Au contraire, Spielberg y trace avec un heureux mélange d'humour et d'empathie le portrait nuancé d'un jeune homme, blessé sur le plan émotif, qui se cherche en se réinventant constamment. Le héros de ce récit rocambolesque mène une existence falsifiée, source d'un bonheur fragile et fabriqué qu'il protège en fuyant constamment la réalité. Incarnation presque métaphorique de cette réalité qui finit toujours par le rattraper, le personnage de l'agent du FBI est lui aussi observé avec d'intéressants détails psychologiques, le réalisateur cherchant toujours à débusquer l'humain derrière le badge. Ce jeu du chat et de la souris se déroule dans une Amérique «sixties» évoquée avec une rare verve esthétique par un Spielberg en grande forme. Il va sans dire que la réussite du film doit également beaucoup au duel d'acteurs que se livrent DiCaprio et Hanks, qui offrent des performances alertes et assurées.

Texte : Martin Girard