É.-U. 2001. Drame psychologique de Joel Coen avec Billy Bob Thornton, Frances McDormand, James Gandolfini. Dans les années 1940, un barbier au tempérament amorphe tue l'amant de sa femme, mais cette dernière est accusée du meurtre. Film noir insolite prétexte à une analyse de caractère méticuleuse. Rythme lent et hypnotique. Magnifiques images en noir et blanc satiné. Composition sobre de B.B. Thornton.
Dans les années 1940, un barbier au tempérament amorphe tue l'amant de sa femme, mais cette dernière est accusée du meurtre. Film noir insolite prétexte à une analyse de caractère méticuleuse. Rythme lent et hypnotique. Magnifiques images en noir et blanc satiné. Composition sobre de B.B. Thornton.
Après s'en être donné à coeur joie en réalisant coup sur coup deux comédies truculentes (The Big Lebowski, O Brother Where Art thou?), les frères Coen reviennent à un style plus sombre et introspectif. Leur nouvelle oeuvre est un film noir à l'ambiance presque onirique, dont l'intrigue aux ingrédients classiques progresse avec une lenteur savamment calculée et quasiment hypnotique. Le scénario se veut une analyse méticuleuse, presque clinique, de l'engrenage dans lequel un homme s'engage pour donner un nouveau souffle à sa vie somnambulique, mais qui causera ultimement sa mort. L'analyse psychologique s'accompagne d'observations parfois insolites, surtout dans les moments où le protagoniste s'interroge sur la vacuité de sa vie ou l'apparente inutilité de son travail de barbier. Le film réussit à la perfection à rendre ce sentiment de flottement existentiel dans lequel le héros se sent dériver vers le néant. Admirablement composé sur le plan visuel, The Man Who Wasn't There profite d'une superbe photographie au noir et blanc satiné et d'une reconstitution d'époque raffinée. Enfin, Billy Bob Thorton incarne avec une sobriété exemplaire ce héros absent et les autres interprètes jouent en parfaite harmonie avec lui.
Texte : Martin Girard