L'avis de Mediafilm

Le dramaturge Doug Wright s'est librement inspiré de divers détails authentiques de la vie du Marquis de Sade pour écrire cette histoire fictive qui traite de façon assez caustique et originale du thème de la liberté d'expression. Le décor théâtral de l'asile où se déroule l'action prend l'allure d'un microcosme social dont l'équilibre vacille au gré des tiraillements entre l'art, la science et la religion, représentés chacun par les trois principaux personnages masculins. Le pouvoir de décider au nom des autres ce qui est bien ou mal, pur ou impur, sain ou fou, est le véritable enjeu de cette joute d'esprits. Tous ces thèmes ressortent à travers des développements dramatiques souvent percutants et un dialogue tonique, agrémenté de diatribes abrasives. La réalisation riche et vigoureuse confère à l'ensemble un climat presque baroque, parfois apparenté au film d'horreur. Dans le rôle du divin marquis, Geoffrey Rush offre une composition impudique et endiablée qui manque toutefois un peu de nuances. Joaquin Phoenix lui donne la réplique avec une belle intensité d'émotion, tandis que Kate Winslet rend fort bien la fausse innocence que requiert son personnage.

Martin Girard