L'avis de Mediafilm

Après son évocation de la carrière fulgurante mais tragique du peintre Jean-Michel Basquiat, Julian Schnabel récidive avec un nouveau portrait d'artiste, celui du poète et romancier cubain Reinaldo Arenas, victime malheureuse du régime autoritaire et dogmatique de Fidel Castro. Le déroulement du récit s'avère plutôt anecdotique et parfois confus, surtout en ce qui a trait à l'irruption soudaine de certains personnages secondaires, notamment celui de Lazaro Gomez Carriles, le dernier compagnon d'Arenas et coscénariste du film. D'ailleurs, l'exil américain apparaît trop elliptique et presque incompréhensible, dix ans de vie étant résumés en quelques minutes seulement. Car l'essentiel du récit se déroule à Cuba où, d'après une convention commerciale douteuse, tous parlent en anglais avec un accent espagnol marqué. Néanmoins, Before Night Falls est une oeuvre dense et sincère, comportant des passages d'un impressionnisme prenant, qui évoquent à merveille l'univers poétique de l'auteur cubain. La formation de peintre de Schnabel transpire à l'évidence de ces plans magnifiquement composés, dans lesquels l'eau et le soleil jouent un rôle déterminant. Javier Bardem offre une performance riche et nuancée dans le rôle d'Arenas. [NDLR : Ce film avait obtenu à sa sortie la cote (4), d’où la non-conformité du texte avec la cote actuelle.]

Louis-Paul Rioux