Iran. 1999. Drame poétique de Majid Majidi avec Mohsen Ramezani, Hossein Majoob, Salimeh Feizi. Un enfant aveugle ne sait pas que son père désire se débarrasser de lui pour pouvoir se remarier. Récit émouvant traité comme un conte. Mélange de naturalisme et de merveilleux. Réalisation d'une grande beauté plastique. Interprétation sentie.
Un enfant aveugle ne sait pas que son père désire se débarrasser de lui pour pouvoir se remarier. Récit émouvant traité comme un conte. Mélange de naturalisme et de merveilleux. Réalisation d'une grande beauté plastique. Interprétation sentie.
Pris au pied de la lettre, et malgré la courageuse critique sociale qui se devine sous la fiction, ce film peut sembler naïf et sentimental puisque le récit n'évite pas les situations mélodramatiques et les épanchements émotifs. Mais loin d'être de facture réaliste, La Couleur du Paradis se présente telle une fable morale, un conte, où le naturalisme et le merveilleux se côtoient dans un récit qui expose de façon désarmante, et souvent bouleversante, l'irrépressible besoin d'aimer. La beauté plastique du film participe grandement à cette impression de féerie: les couleurs saturées, dignes de l'époque glorieuse du Technicolor, ainsi que le découpage souvent subjectif de la bande sonore communiquent à merveille l'imaginaire du jeune héros. C'est donc peu dire qu'il se dégage de l'ensemble une grande poésie. Par ailleurs, il faut souligner comment la réalisation intègre aussi certaines influences hitchcockiennes, spécifiquement dans la façon dont Majidi met en scène la menace sourde qui plane toujours entre le père et le fils (l'orchestration des regards et des mouvements de caméra subjectifs). L'interprétation, même celle des acteurs amateurs, s?avère intense et candide.
Texte : Johanne Larue