L'avis de Mediafilm

En acceptant cette commande de la chaîne franco-allemande ARTE, pour laquelle plusieurs cinéastes ont tourné des histoires avec une équipe très légère et de petites caméras vidéo numériques, Claude Miller semble prendre un bain de jouvence, tout en traitant de thèmes qui lui sont familiers. Délivré de la lourdeur des productions habituelles, ce cinéaste chevronné s'en donne à coeur joie en agrémentant ce huis clos bizarre de mouvements d'appareil enlevés. En outre, l'utilisation simultanée de deux caméras lui permet de faire montre d'une certaine audace dans le montage. Qualifiant lui-même son film de «drame comique», le réalisateur tricote malicieusement les mailles de son récit, créant subtilement, au moyen d'une mise en scène précise et détaillée, un climat d'étrangeté qui tient le spectateur dans l'expectative, celui-ci ne sachant plus sur quel versant l'histoire va basculer. Des interprètes de première classe appuient admirablement cette étude de personnages peu banals, en particulier Annie Noël, dont l'incarnation troublante d'une femme oscillant entre la vieille sorcière et la malade psychotique ne s'oublie pas facilement.

Jean Beaulieu