Miou-Miou par sa fille

17 novembre 2023
entrevue

La cinéaste Jeanne Herry (Je verrai toujours vos visages) nous parle d’une des plus grandes actrices françaises : sa mère, Miou-Miou.

Est-ce difficile de diriger votre mère?

Non, pas du tout. J’ai écrit le rôle pour elle. Pour cette fragilité qu’elle possède. J'adore quand elle incarne des personnages timides. Je trouve que ça lui va bien, qu’elle le fait très bien. En plus, elle adore jouer. [...] C'est pour ça que je lui ai confié de beaux et longs monologues. Pour qu’elle puisse s'exprimer comme interprète. C’est une actrice remarquable et juste, dans l'émotion.

Est-ce que votre méthode de travail s’accorde bien à ses attentes?

Oui, on travaille un peu de la même façon. Je n'aime pas l’improvisation, ça ne m'intéresse pas. Je ne laisse pas aux acteurs le choix des mots, ni même celui de la ponctuation. Je veux qu’ils disent mon texte. Tous les acteurs ne sont pas capables de travailler avec cette précision. Mais ma mère, elle adore ça. Elle déteste quand on lui demande d'improviser, ou qu’on change son texte au dernier moment, comme ça se fait beaucoup maintenant sur les tournages. Elle se prépare en amont, elle mâche, elle remâche, vit avec son texte pendant des semaines.

Dans quelle disposition arrive-t-elle sur le plateau?

Je n’ai pas besoin de lui dire grand-chose parce qu’elle arrive avec une proposition très forte et très travaillée. Je peux lui dire deux, trois trucs, mais je la laisse beaucoup faire. Cela dit, je suis très maternante avec les acteurs. J'ai envie qu'ils soient bien, je m'inquiète pour eux. Ça me permet d'être un peu maternante avec ma mère.

Miou-Miou nous manque beaucoup, vous savez? On la voit peu au Québec.

Et pourtant, elle travaille beaucoup, surtout pour la télé. Au cinéma, il y a moins de rôles pour les femmes de son âge tandis qu’à une certaine époque elle les décrochait tous.

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