
À 32 ans, Kristen Stewart préside le jury international d’un des plus importants événements cinématographiques mondiaux.
Choisie par les codirecteurs de la Berlinale, Carlos Chatrian et Mariette Rissenbeek, l’actrice au parcours atypique, découverte grâce à la franchise Twilight, affichait lors de la conférence de presse du jury, jeudi matin, une curiosité, une ouverture et une maturité assez remarquables. « Historiquement, la Berlinale a toujours été un festival politique, au sens positif du terme. Et résolument tourné vers le renouveau. Notre tâche sera de désigner le film qui sort du lot. Si nous ne sommes pas tous d’accord, ça sera probablement parce que c’est le film le plus méritoire. »
De son propre aveu, la comédienne ne pouvait pas laisser passer cette occasion de contempler le monde à travers les oeuvres de créateurs issus de tous les horizons. « Un artiste doit saisir une chose laide et en extraire quelque chose de beau, d’utile, de réfléchi, qui n’appelle pas une réaction instantanée. Nous vivons dans un monde tellement réactif, en des temps si perturbants, que de prendre un moment pour s’arrêter et regarder ce que d’autres personnes proposent en réponse à un monde qui s’écroule tout autour de nous, ça n’a pas de prix. »
Comme il arrive souvent dans ce genre de conférence de presse chorale, la conversation a dévié vers l’état du monde, celui du cinéma, et la relation entre les deux. « Dans une dictature comme celle de l’Iran, a souligné l’actrice iranienne Golshifteh Farahani (Un divan à Tunis, Frère et soeur), l’art est aussi essentiel que l’oxygène. Ce n’est pas seulement une pratique intellectuelle ou artistique. C’est pourquoi je suis heureuse d’être ici et de me battre pour la liberté. »
Également issu d’un pays autoritaire, le légendaire hongkongais Johnnie To (Election, Vengeance) a déclaré en réponse à l’explosion des films à gros budgets: « J’ai fait la plupart de mes films avec des petits budgets, souvent de moins de deux millions de dollars. Pour moi, le cinéma est une affaire de passion et de vision. Aucun budget énorme ne peut sauver votre film si vous n'avez pas les deux. »
Sur le jury siègent aussi les deux plus récents récipiendaires de l’Ours d’or, la Catalane Carla Simon (Alcarras, 2022) et le Roumain Radu Jude (Mauvaise baise ou porno barjo, 2021). « Quand on fait un film, on ne peut jamais savoir jusqu’à quel public il se rendra. Un prix comme celui-là le propulse absolument partout sur la planète », a commenté la première. Son confrère roumain abonde, avec nuance et humour : « C’est un grand honneur pour mon film, tellement que je n’y pense pas trop, par crainte de m’enfler la tête. Cependant, je ne crois pas que ce prix ait eu un impact réel en Roumanie – outre les confrères qui me demandent comment pareille merde a pu remporter un Ours d’or! Mais le succès se mesure aussi à la capacité de continuer, et je dois avouer que ce prix m’a permis de réaliser deux autres films depuis ».
Siègent aussi sur le jury de la 73e Berlinale la cinéaste allemande Valeska Grisebach (Western) et la directrice de casting américaine Francine Maisler (Dune, She Said).
Les sept jurés auront huit ours à distribuer (un d’or et sept d’argent) parmi les créateurs et artisans des 18 longs-métrages énumérés ci-dessous. Au nombre de ceux-ci, on compte les films de plusieurs vétérans (Margarethe Von Trotta, Rolf De Heer, Philippe Garrel), ainsi qu’un objet de curiosité canadien, BlackBerry, de Matt Johnson, racontant l’ascension fulgurante et la chute vertigineuse du premier téléphone intelligent de l’histoire.
Photo : Martin Bilodeau
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