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2022-02-10 Céline Gobert

Berlinale 2022 : Ozon ouvre le bal et ranime Fassbinder

Habitué du festival de Berlin, le cinéaste français récompensé d’un Ours d’argent (Grand prix du jury) en 2019 pour Grâce à Dieu a aujourd’hui donné le coup d’envoi de la 72e Berlinale avec son 21e long-métrage Peter von Kant, relecture au masculin des Larmes amères de Petra von Kant de l’Allemand Rainer Werner Fassbinder.

Entouré entre autres des deux acteurs principaux du film, Denis Ménochet (Jusqu’à la garde, Seules les bêtes) et Khalil Gharbia, François Ozon a rencontré les journalistes après les premières projections de presse de Peter von Kant, qui ont eu lieu plus tôt en matinée.

Plus de deux décennies après avoir présenté à Berlin l’un de ses premiers films, Gouttes d’eau sur pierre brûlantes, déjà inspiré d’une pièce de jeunesse de Fassbinder, le cinéaste français, qui s’est lui-même qualifié de « fétichiste » du réalisateur de Querelle, récidive en adaptant un deuxième texte cruel et satirique, très critique envers l’hypocrisie du milieu artistique.

Cinéma et confinement

L’idée de réadapter une œuvre de Fassbinder lui est, cette fois-ci, venue en plein confinement, explique Ozon, alors que l’avenir de la planète et du cinéma était sur pause.

« Je me demandais : quand allons-nous pouvoir refaire des films ? Et dans quelles conditions ? Les conditions de tournage de ce film [ndlr : un huis clos dans un appartement] étaient alors acceptables avec le COVID ».

Ozon entretient en outre un lien tout particulier avec Fassbinder qu’il voit comme un « grand-frère » cinématographique l’ayant aidé à trouver « son propre chemin » artistique.

« C’est un cinéaste important dans mon apprentissage, dit-il, qui m’a touché, ému, intéressé d’un point de vue esthétique et politique. »

Les relations de domination et de pouvoir abordées dans le texte l’ont particulièrement séduit, notamment parce qu’en tant que réalisateur, il se doit, dit-il, d’interroger la façon dont il utilise son pouvoir. Notons que Fassbinder, pour sa part, était connu pour être particulièrement odieux avec ses acteurs et ses actrices.

De Petra à Peter

En cours de route, la Petra originale est devenue Peter. Encore une fois, c’est Fassbinder qui a inspiré ce changement de sexe à Ozon. En effet, la pièce que l’Allemand avait écrite, puis adaptée au cinéma en 1972, était largement autobiographique et devait beaucoup à sa liaison avec l’acteur Günther Kaufmann.

« J’ai trahi le texte de Fassbinder, mais en même temps je l’ai retrouvé lui, explique Ozon, puisque je m’inspire de lui, qui s’était lui-même projeté dans un personnage féminin. »

Comme Petra, Peter est très intense, traversé par mille tourments et émotions.

« Fassbinder avait une exigence idéalisée des rapports humains et de l’amour, il était donc toujours déçu, toujours dans la souffrance », commente Ozon.

Phénoménal Ménochet

Dans le rôle de l’ogre tyrannique Peter/Fassbinder, Denis Ménochet se surpasse (lire notre fiche du film). Il s’agit de sa troisième collaboration avec Ozon, après Grâce à Dieu et Dans la maison. L’acteur, jusqu’ici souvent cantonné aux seconds rôles, compare ce qu’il devait jouer à « une partition avec beaucoup de notes. »

En plus de devoir interpréter des scènes intimes, Ménochet y pleure beaucoup.

« On ne voit jamais d'hommes qui pleurent, déplore Ozon. Pour moi, il était important que l’on voit ces larmes. Le film aurait pu s’appeler Les Larmes amères de Peter von Kant. »

Si Ménochet est parvenu à se livrer avec autant de justesse et d’abandon, c’est surtout grâce à « la confiance » que lui a témoigné le metteur en scène. « Elle m’a permis d’aller le plus loin possible. »
 

(Photo et propos recueillis par Céline Gobert, le 10 février 2022, à Berlin)

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