L'avis de Mediafilm

Le Hongrois Laszlo Nemes est un maître de la composition picturale. Échelle, cadrage, profondeur, tout est millimétré. Tourné en 35 mm dans le format 4:3 qu'il privilégie depuis Le FILS DE SAUL, ORPHAN, par ses plans larges et sa profondeur de champ, renvoie plutôt à son précédent SUNSET. Ce dernier film, campé en 1910, était pulsé par une la quête de vérité de l'héroïne. Celui-ci porte au contraire sur l'effort d'un adolescent pour invalider une vérité dérangeante, faisant miroir à la résistance des révoltés réprimés. Par manque d'inspiration ou surplus de confiance, Nemes dilate durant plus deux heures un mystère qui aurait pu être encapsulé en deux fois moins de temps. Si bien que le film espace sur l'électrocardiogramme les pics et les secousses de son scénario. Au sein d'une distribution bien dirigée (et photogénique, un autre trait reconnaissable dans le cinéma de Nemes), le Français Grégory Gadebois, en ogre tendre et brutal, incarne la Hongrie autoritaire d'hier et d'aujourd'hui. (Texte rédigé en septembre 2025, dans le cadre du Festival de Toronto)

Martin Bilodeau