L'avis de Mediafilm

Comédien chevronné (CINQUIÈME SET, À L'OMBRE DES FILLES), Alex Lutz construit en parallèle derrière la caméra une oeuvre d'une singularité enthousiasmante (GUY, UNE NUIT). C'est donc sans surprise qu'il a adapté avec audace et modernité le roman "Connamera" de Nicolas Mathieu ("Les enfants après eux"). Par une mise en scène réaliste et un montage réfléchi, qui joue savamment sur le décalage entre l'image et les paroles, Lutz transforme en expérience méditative, teintée de désillusion, ce récit d'une liaison passionnée, contrariée par le fossé social et culturel (pensons au SIMPLE COMME SYLVAIN de Monia Chokri). Cela dit, le scénario elliptique - qui fait notamment l'économie d'une scène de rupture conjugale potentiellement émouvante - ne se démarque guère dans sa manière de dénoncer les milieux professionnels toxiques, ou d'évoquer les rêves d'enfance déçus et les pièges de la course au succès. Mélanie Thierry (LA VRAIE FAMILLE) s'investit corps et âme dans un rôle exigeant, pas toujours facile à aimer. Face à elle, Bastien Bouillon (LA NUIT DU 12) campe avec une égale intensité un amoureux fougueux et un père angoissé. (Texte rédigé en novembre 2025, dans le cadre du festival CINEMANIA de Montréal)

Louis-Paul Rioux