L'avis de Mediafilm

Fracture entre les classes, résilience des plus démunis, valse des petits boulots, syndicalisme : le premier long métrage d’Aziz Ansari (la série “Master of None”) articule fièrement son commentaire social. Reprenant astucieusement la formule du “body swap” - où les personnages échangent de corps pour mieux comprendre leur propre réalité - GOOD FORTUNE est une fable à la fois ludique et lucide sur le rêve américain désenchanté à l’heure du capitalisme sauvage. Soumis à ses nobles intentions, le récit ne parvient pas toujours à restituer l’ironie incisive d’Ansari et frôle parfois le prêchi-prêcha. Mais son rythme est soutenu et son enrobage, énergique autant qu'assuré. À cela s'ajoute l'agréable surprise de voir Keanu Reeves insuffler à son personnage d'ange nouvellement mortel, un mélange inattendu et attendrissant de maladresse et de bienveillance.

Frédéric Bouchard