L'avis de Mediafilm

Le mal de vivre est le fil conducteur de l'oeuvre entière d'Anne Émond. Bien qu'AMOUR APOCALYPSE ne fasse pas bande à part, il se distingue des précédents par son humeur tragi-comique, ainsi que par l'ajout d'un facteur extérieur aggravant: la crise climatique. Dans un premier temps, la cinéaste de NUIT #1 et NELLY tisse son récit avec savoir-faire et la sensibilité exceptionnelle qu'on lui connaît, crispant un ressort qu'elle va ensuite détendre subitement en libérant son héros de ses emprises. Pour audacieux qu'il soit, le virage ne convainc pas pleinement, Émond ayant fort à faire (et on sent l'effort) pour gérer l'action et encadrer un discours qu'on sent parfois sur le point de se décomposer sous le poids de ses idées. Ce qui soude le film? Plusieurs choses. Mentionnons-en deux. 1. le leitmotiv de la méditation par visualisation, qui prend la forme d'apartés hivernaux d'une beauté éloquente. 2. la composition admirable de Patrick Hivon, un acteur qui se bonifie avec l'âge, et dans le regard profond duquel Émond semble avoir, le temps d'un film, trouvé un petit coin de paradis.

Martin Bilodeau