L'avis de Mediafilm

Vingt-cinq ans après TOUT SUR MA MÈRE, inspiré par la mort de sa génitrice, Almodovar contemple sa propre mortalité dans ce film de chambre, Lion d'or à Venise, inspiré du roman "Quel est donc ton tourment?" de Sigrid Nunez. S'il n'est pas pleinement satisfaisant, ce 23e opus d'Almodovar, son premier tourné en anglais, encapsule néanmoins tout ce qu'on aime de son cinéma: un minutieux sens de l'espace et de la couleur (cette fois dans des tons plus pastels qu'à l'accoutumée), des compositions sophistiquées (ici des "plans à deux" à géométrie variable), des décors et des costumes expressifs, etc. La langue si musicale et effrénée du cinéaste madrilène cède le pas à un anglais mesuré et châtié, qui avoisine l'exercice de diction. Dans cet ensemble un peu compassé, la musique d'Albert Iglesias apparaît souvent intempestive et stridente. Au contraire des deux vedettes, impeccables et complémentaires.

Martin Bilodeau