L'avis de Mediafilm

Au début de SHIFTING BASELINES, l'éminent biologiste marin Daniel Pauly explique que le concept du titre (changement des bases de référence) lui est venu en réalisant que les enfants d'aujourd'hui ne peuvent plus voir les étoiles, en raison d'un trop grand nombre de satellites dans l'espace. Ce constat préoccupant, Julien Élie l'illustre brillamment à travers un récit multicouches qui passe imperceptiblement de l'admiration à la dénonciation. Filmées en contreplongées vertigineuses, dans un noir et blanc léché sur fond de musique anxiogène, les fusées et autres modules créés pour le programme Starship en imposent par leur gigantisme et leur cinégénie. Faisant alterner à l'écran avec une égale aisance les étendues désertiques de Boca Chica et les contrées enneigées de l'Ouest canadien, Élie fait également une incursion révélatrice au Mexique, théâtre de ses précédents SOLEILS NOIRS et LA GARDE BLANCHE. Respectueux de ses interlocuteurs, Élie les laisse exposer sans jugement leurs convictions, leurs théories ou les résultats de leurs recherches. Le cinéaste invite ainsi le spectateur à formuler sa propre réflexion sur des enjeux complexes.

Louis-Paul Rioux