L'avis de Mediafilm

Qu'ont en commun BEASTS OF THE SOUTHERN WILD de Benh Zeitlin, MOONLIGHT et IF BEALE STREET COULD TALK de Barry Jenkins, HALE COUNTY THIS MORNING THIS EVENING et maintenant NICKEL BOYS de RaMell Ross? Ces oeuvres focalisées sur le trauma de personnages afro-américains contemporains transfigurent le réel par la poésie et mettent en récit le puzzle de la mémoire. Appelons ça un courant. Le seul, du reste, qu'on soit en mesure de repérer dans le cinéma américain des années 2000. Mesuré à ce contexte, NICKEL BOYS, tiré du roman primé de Colson Whitehead, passe pour un film expérimental: caméra subjective (le point de vue est toujours celui de Elwood et Turner, en alternance), récit éclaté et subliminal (avec allers-retours dans le temps), archives intercalées (dont celles montrant Martin Luther King défiant les lois Jim Crow), écrans noirs en guise d'ellipses, bizutages sonores (où commence la musique, ou s'arrête le bruitage?), etc. L'arsenal impressionnant déployé par RaMell Ross et sa maîtrise stupéfiante du médium, forcent l'admiration. Tout autant que le jeu des interprètes, tous excellents.

Martin Bilodeau