L'avis de Mediafilm

Dans ce Crime et Châtiment en forme de farce noire, Alain Guiraudie greffe à ses habituelles obsessions pour la ruralité et la sexualité d’autres pistes thématiques tissées autour de la culpabilité, de la répression de ses désirs, et du caractère moral de ses actions. Sur le fil de l’insensé, MISÉRICORDE aborde son sous-texte homoérotique par le biais d’un récit à l’humour singulier, plein d’incongruités. Son fond mélancolique le rapproche toutefois davantage de l’exploration des solitudes de L’INCONNU DU LAC que de l’ode à la bienveillance qu’était son précédent film VIENS JE T’EMMÈNE. Devant la caméra de Guiraudie, les paysages automnaux et la forêt brumeuse magnifiés - qui planquent morts, mensonges et pensées inavouables - semblent avaler les protagonistes, tous égarés dans le non-sens de la vie. Par instants futilement provocateur, l’exercice absurdiste paraît plus mécanique qu’à l’accoutumée, et ce, malgré les jeux mordants de la distribution, incluant Catherine Frot, qui se fond à merveille dans l’univers masculin du cinéaste.

Céline Gobert