L'avis de Mediafilm

Dix ans après AYITI TOMA, le Québécois d’origine haïtienne Joseph Hillel retourne dans son pays natal pour filmer la ténacité de créateurs ayant choisi de faire de leur art un acte de résistance. À travers des témoignages vibrants, inspirants et parfois même séditieux, Hillel capte l’essence même de la création comme geste de survie et ultime rempart contre l'anarchie. Il souligne également la précarité de ses sujets, contraints de cumuler les petits boulots pour survivre. À noter, l’intervention de l’écrivain Frankétienne, qui résume avec force le dilemme de la toute première république noire, plongée depuis des décennies dans un «désastre national» que rien ne semble pouvoir stopper. Regrettons toutefois les scènes tournées au Québec, dissonantes et maladroitement intégrées à l’ensemble. À l'inverse, la trame sonore (entre rafales d’armes lourdes et musiques rythmées) et la direction photo évocatrice confèrent à ce documentaire un écrin visuel et sonore d’une belle richesse.

Charles-Henri Ramond