L'avis de Mediafilm

Ruben Paiva est un des martyres les plus connus de la dictature brésilienne, et son épouse Eunice, une des plus virulentes dénonciatrices de ce régime. À 68 ans, Walter Salles (GARE CENTRALE, CARNETS DE VOYAGE), qui les a connus, leur livre un très émouvant hommage. JE SUIS TOUJOURS LÀ se distingue par la qualité de sa direction artistique expressive et minimaliste à la fois, par la vibration de sa mise en scène qui transpire les contrastes et paradoxes (insouciance, joie, résilience, répression), enfin par le jeu sensible, nuancé, jamais ostentatoire, de Fernanda Torres. Toutes ces forces dirigées forment un tableau d'époque vibrant, pulsé par le piaillement des conversations, la stridence des posters sur les murs, l'aiguille sur la platine de la table tournante. Par les yeux, par les oreilles, ce film supérieur trace son chemin, en douceur, vers ce qui reste le dernier rempart de la démocratie: la pensée individuelle.

Martin Bilodeau