L'avis de Mediafilm

Renée Beaulieu (LES SALOPES … OU LE SUCRE NATUREL DE LA PEAU, INÈS) nous a habitués à des propositions assez radicales. Il est donc étonnant de la voir aborder le drame familial, un genre au riche potentiel, de manière aussi impersonnelle et décorative. La structure narrative évocatrice d'HABITER LA MAISON se divise en cinq chapitres jalonnant une décennie. Paradoxalement, alors que la cinéaste peine à faire sentir les marques du temps qui passe (les ellipses sont subliminales), le scénario et les dialogues surexpliquent et "psychologisent" à tout va. La mise en scène aseptisée se déporte trop fréquemment sur des scènes de repas filmées sans éclat, trahissant une évidente économie de moyens. Il faut ajouter à cela une trame sonore qui appuie lourdement l’émotion, alors que, lorsqu’elle fait confiance à ses images, Beaulieu parvient à saisir de touchants moments d’intimité - comme ce plan-séquence révélateur de la complicité entre le père et le fils. Les interprètes défendent honnêtement des personnages esquissés à grands traits.

Frédéric Bouchard