L'avis de Mediafilm

Avec TARDES DE SOLEDAD, son premier documentaire, le Catalan Albert Serra (PACIFICTION) nous entraîne dans l’univers fascinant et dérangeant de la tauromachie. Certes, l’absence de parti-pris et l’esthétisation de la cruauté envers les animaux soulèvent des questions éthiques. La vision du réalisateur n’est toutefois pas dénuée d’ironie et de touches de sarcasme, notamment dans son illustration du machisme qui teinte cette activité controversée, désormais interdite dans plusieurs régions d’Europe. En outre, on ne peut nier que le filmage en gros plan de ces après-midis de solitude – celle de la bête comme celle de son bourreau – procure une expérience de cinéma immersif comme on en voit peu. Le travail sur la trame sonore, enregistrée à l’aide de six micros, n’est pas moins remarquable. Le spectacle ne serait rien sans le charisme bestial du trompe-la-mort Andrés Roca Rey, protagoniste fascinant de ces joutes baroques et sanguinolentes. (Texte rédigé en octobre 2024, dans le cadre du Festival du nouveau cinéma de Montréal)

Charles-Henri Ramond