L'avis de Mediafilm

La rupture annoncée de ses parents. Le souvenir refoulé des inconduites sexuelles de son défunt grand-père. La tension entre sa mère insouciante et sa grand-mère intransigeante. C’est dans ce climat de lourds non-dits que le petit héros de 20,000 SPECIES OF BEES va faire son coming-out comme héroïne. Le premier long métrage de l’Espagnole Estibaliz Urresola Solaguren raconte sur un été, avec une souple caméra à l'épaule, la langueur patiente avec laquelle cette révélation, indubitable, va percoler auprès des gardiennes de la féminité qui entourent Aitor/Coco. Entre la mère à l’atelier, la grand-tante au rucher et les enfants à la piscine ou au lac, la cinéaste multiplie les métaphores et les révélations discrètes. Le dernier acte, plus bavard et éclaté, marque une rupture de ton qui contredit la manière feutrée avec laquelle la cinéaste avait conduit son récit jusque-là. L’excellente distribution est dominée par la forte présence de la petite Sofia Otero. (Texte rédigé en février 2023, dans le cadre de la 73e Berlinale)

Martin Bilodeau