L'avis de Mediafilm

La personnalité iconoclaste et protestataire de Sinead O'Connor appelait le traitement expérimental que Kathryn Ferguson a eu le bon sens de privilégier pour rendre compte de son parcours. Archives vidéo triturées, distorsions sonores, surimpressions, voix off confidentielle (de la principale intéressée, qui n'apparaît pas à l'image), la forme de NOTHING COMPARES épouse résolument le fond. La cinéaste rend ici justice à une artiste fascinante qui, prisonnière d'elle-même, était aussi, sous plusieurs angles, en avance sur son temps. Il manque des éléments de compréhension au puzzle (notamment sur sa vie privée, évoquée du bout des lèvres), mais la vigueur du portrait psychologique compense. À signaler: la succession du chanteur Prince a refusé à Ferguson l'usage de la chanson "Nothing Compares 2U", le plus grand succès de la chanteuse, dont il était l'auteur. Pour contourner l'obstacle, la réalisatrice a déployé un stratagème plutôt inventif.

Martin Bilodeau