J'ai placé ma mère (I Lost My Mom)

L'avis de Mediafilm

Amorcé avec LE CHÂTEAU (qui documentait le séjour de la joviale Madeleine au Château Beaurivage), Denys Desjardins conclut ici son journal filmé du parcours accidenté de sa mère à travers les dédales du système de santé québécois, jusqu'à sa fin tragique en mars 2020, dans le contexte désorganisé de la pandémie de la COVID 19. Fustigeant une machine bureaucratique froide, qui fait souvent passer ses intérêts avant ceux des patients qu'elle est censée servir, le réalisateur fait toutefois la part des choses, en présentant également certaines intervenantes et soignantes compatissantes, toujours prêtes à aider. S'effaçant en première partie pour souligner l'apport crucial de sa soeur dans le compliqué processus de placement en CHSLD, Desjardins revient à l'avant-scène au dernier tiers, se filmant angoissé au téléphone devant le centre inaccessible aux visiteurs, dans l'attente de nouvelles sur l'état de santé de sa mère, alitée et hagarde parmi 12 patients testés positifs au virus. Se faufile à travers ces moments une poignante lettre d'amour d'un fils à sa mère, dont la force émotionnelle est accrue par l'insertion de films en super 8, montrant Madeleine dans toute la splendeur de sa jeunesse.

Louis-Paul Rioux