L'avis de Mediafilm

Le réalisateur de FITZCARRALDO met sa nouvelle maturité technique, apprise à travers un chapelet de documentaires récents (CAVE OF FORGOTTEN DREAMS, INTO THE ABYSS, etc.), au service d'une épopée vieille-école à la gloire du désert, de ses habitants et d'une héroïne romanesque digne de Henry James. L'ensemble captive mais, par la faute de quelques erreurs de casting (Robert Pattinson en Lawrence d'Arabie?), frôle parfois le ridicule. Le récit elliptique entend mettre en valeur Gertrude Bell, sauf que l'importance historique de celle-ci est davantage expliquée que démontrée. La beauté plastifiée de Nicole Kidman - dont le feu intérieur brûle néanmoins tout du long -, n'aide pas non plus à exprimer dans la nuance la richesse et les contradictions de celle qui a contribué à dessiner la carte du Moyen-Orient. Évitant de nous entraîner dans des sables mouvants politiques, Werner Herzog peint à grands coups de pinceau le paysage intérieur de l'héroïne, marqué par des amours tragiques, et dont la photographie soyeuse de Peter Zeitlinger et la musique emphatique de Klaus Badelt constituent le principal véhicule. (Texte rédigé en février 2015, lors du Festival de Berlin)

Martin Bilodeau