L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot (Inferno)

L'avis de Mediafilm

À la suite d'une rencontre impromptue avec la veuve de Henri-Georges Clouzot, Serge Bromberg a mis la main sur les 185 boîtes contenant les pellicules impressionnées de L'ENFER. Aux images fascinantes et muettes retrouvées de ce film "maudit", éclairées par les propos pertinents des intervenants, Bromberg et sa coréalisatrice Ruxandra Medrea ont ajouté certains raccords manquants avec deux comédiens, Jacques Gamblin et Bérénice Bejo lisant plus que jouant les dialogues, sans décor. Confectionnant ainsi le «making-of» d'un film qui n'existe pas (quoique Claude Chabrol a porté le scénario de Clouzot à l'écran en 1994), un peu à la manière de LOST IN LA MANCHA, les auteurs se sont dans le processus attardés aux essais avant tournage, ainsi qu'aux expérimentations cinétiques auxquelles se livrait le cinéaste dans le but de traduire à l'image la jalousie pathologique de son protagoniste. En plus d'offrir un regard pénétrant sur le processus de création, ces images sauvées du naufrage en disent long sur l'état psychique de Clouzot, égaré et obsessif, en rupture avec sa propre méthode.

Jean Beaulieu