L'avis de Mediafilm

Après le pari audacieux de sa trilogie (UN COUPLE ÉPATANT, CAVALE, APRÈS LA VIE), le Belge Lucas Belvaux raffine son art en se concentrant cette fois sur une description désabusée d'un milieu ouvrier miné par un quotidien morose, au sein duquel le vol devient un exutoire. Procédé générique permettant de lier des personnages finement ciselés, le casse agit également comme un révélateur à la fois cruel et ironique de la condition sociale de ces désoeuvrés. Ainsi, bien qu'ils veulent récupérer leur dû (l'usine en morceaux se transforme littéralement en argent), même en s'unissant et en utilisant la force, ils ne peuvent venir à bout d'un système qui les rejette une fois de plus. Le scénario met en relief le désarroi des protagonistes, par le biais de dialogues incisifs ponctués d'un humour cinglant. La réalisation fait preuve d'une grande sobriété tout en étant minutieuse, et l'interprétation d'ensemble est très convaincante.

André Caron